Les méthodes de coaching systémique appliquées…au canoë !

J’ai expérimenté le canoë en eaux vives. Le début fut catastrophique.

Avec mon fils, nous sommes partis parmi les derniers du groupe. Pour ne pas le faire attendre, nous avons tout de suite commencé à pagayer, sans nous concerter : n’importe comment.

J’ai adoré les clins d’œil à l’acceptation.

Aucune communication, aucune logique : n’importe quoi.

Le Canoë partait à droite, nous redressions trop, donc nous partions trop à gauche. Puis inversement, et ainsi de suite. A chaque fois, c’était toujours « trop ». Vu d’en haut, cette avancée en crabe dans la rivière devait être risible. Depuis le canoë, ça l’était nettement moins. L’instructeur essayait de nous venir en aide : comprendre son anglais croate était déjà difficile, mais c’était de la rigolade à côté de l’effort que je faisais pour ne pas confondre ma « left » et ma « right ».

Ceux qui me connaissent savent que c’est une gageure pour moi.

Pendant ce temps, mon fils, qui ne comprenait pas l’anglais, continuait à ramer n’importe comment… Bref, je me suis épuisée et énervée, au bout de 15 minutes, j’avais déjà les bras en feu alors que la sortie devait durer… 6 heures ! Dire que la journée commençait très mal était un euphémisme.

J’ai repensé au poisson que j’avais regardé nager à contre – courant quelques jours auparavant dans une rivière en Slovénie. Je l’avais observé longtemps, me demandant jusqu’à quand il allait lutter. Je le voyais ralentir, se fatiguer, et pourtant continuer à nager, inlassablement, courageusement. Je me suis lassée avant lui, j’ai fini par partir, désolée pour lui mais impuissante à sa cause, puis je suis passée à autre chose.

Sur mon canoë, j’étais ce poisson. A ramer à contre – courant, j’ai perdu mon sang froid, mes ressources et mes forces, en un temps record ! Tout en m’observant de l’extérieur basculer dans ma « Grotte »…

J’ai découvert la Grotte dans ma formation en coaching systémique de relations et d’organisations (suivie chez ORSC, pour information).

Une personne se retrouve dans sa Grotte lorsqu’ à un moment donné, elle ne peut plus faire face à ce qui lui arrive et s’effondre intérieurement. Elle se sent soudain anéantie ou à cours de ressources, comme si un piège s’était ouvert sous ses pieds et l’avait engloutie. Nous avons tous nos propres Grottes. Il y a autant de Grottes qu’il y a d’individus. Une fois qu’une personne est dans sa Grotte, elle est fermée à toute suggestion, idée, ou communication. Plus rien ne passe.

Heureusement, nos Grottes se dissipent toutes seules :  tôt ou tard, après que la personne a récupéré, elle sort de son trou. Ceci dit, cela ne veut pas dire que le coaching est inutile ! Il permet de prendre conscience de l’existence de la Grotte, ce qui est déjà un soulagement en soi. Ensuite, il aide l’individu ou l’équipe à déceler les situations qui génèrent une grotte, les accompagne pour qu’ils puissent mettre en place un plan d’action si cela arrivait, et devenir experts dans l’art de l’éviter.

Une fois sortis du trou, nous pouvons passer un « Cap » : autre concept appris lors de ma formation en coaching systémique. Un « Cap » est la séparation entre le connu (primaire) et l’inconnu (secondaire), l’horizon au-delà duquel les individus ne peuvent pas voir. A la limite de ce que nous savons de nous – mêmes, les Caps font partie du mouvement de la vie. Chaque fois que l’on essaie un nouveau comportement, que l’on a une nouvelle idée, que l’on teste quelque chose, nous allons au-delà de la limite que nous connaissons et ce avec quoi nous nous identifions, et nous passons un Cap. Avant qu’un Cap puisse être franchi, un processus secondaire doit devenir primaire.

Ce jour – là, j’ai passé plusieurs Caps, notamment celui du Processus Primaire « Je n’arrive pas à avancer, je n’y arriverai jamais » au Nouveau Processus Secondaire : « Je suis dans le courant et j’avance ».

Grâce à l’aide de l’instructeur, qui m’a donné quelques conseils, et grâce à mon fils, qui a accepté, le temps que je prenne mes marques, de résister à sa furieuse envie de ramer pour dépasser son frère, pagayer est devenu plus facile.

Petit à petit, j’ai réussi à avancer de façon plus fluide. En utilisant la force de l’eau. Avec le courant, plutôt que contre lui.

J’ai repensé aux Lois de la nature et de la vie : le rythme lent, l’effort minimum pour avancer. Quand l’eau serpente dans une rivière, elle va au plus facile. Elle arrive à se faufiler un peu partout. Lente, régulière, patiente, sans jamais utiliser plus d’énergie que nécessaire.

Enfin, une fois sortie de ma « Grotte » et le « Cap » passé, j’ai pu prendre un peu de hauteur et me regarder avec un peu d’humour sur moi – même et de détachement.

Ben oui, je me suis énervée. Comme un humain, quoi. Et alors ?

Je ne suis pas parfaite, je le savais déjà. Claire comme l’eau de roche.

Oui, je suis rentrée dans ma Grotte. Cela arrive, et cela arrivera encore. Rien de nouveau sous le soleil.

Et puis j’en suis sortie. Et j’ai admiré les paysages fabuleux qui s’offraient à moi. Après avoir expérimenté le lien à Soi et à l’autre, est venu le lien avec la Nature : une rivière transparente, des chutes d’eau magnifiques, des arbres aux feuilles d’un vert émeraude, un soleil jusqu’aux oreilles, la vie quoi.

Vous savez quoi ? C’était une journée fabuleuse.

J’ai cru qu’elle avait mal commencé. Mais qui sait ce qui est bien, qui sait ce qui est mal ? (J’aborderai cette notion dans un prochain article)

Aujourd’hui, j’ai appris. Comme tous les jours, un peu. En vivant.

Et vous, qu’avez-vous vécu, qu’avez-vous appris récemment ?

CHUTE EMERAUDE
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